Mettre le Christ au cœur de notre vie
« Ne rien préférer à l’amour du Christ »
« Ne rien préférer à l’amour du Christ » : c’est absolu ! (…) Mais c’est ce que Jésus dit dans l’évangile : « Si quelqu’un veut être mon disciple, qu’il se renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. » (Mt 16, 24) Il appelle ses disciples à des renoncements importants. Renoncer à quelque chose n’a de sens que pour s’engager plus profondément à autre chose. Ceci est vrai humainement ! À combien de choses ne devons-nous pas renoncer dans la vie, pour de meilleures ou, au moins pour d’autres qui nous tiennent plus à cœur, qui nous attirent davantage ? C’est particulièrement vrai pour le disciple de Jésus.
« Une expérience d’amour »
On ne peut aimer sans avoir fait l’expérience de l’amour, sans avoir fait l’expérience d’être aimé. On ne peut aimer le Christ sans avoir fait l’expérience d’être aimé de Lui. On ne peut aimer Dieu sans avoir fait l’expérience d’être aimé par Dieu dans le Christ – amour de Dieu incarné dans un amour humain.
Cette expérience de l’amour du Christ (amour du Christ pour nous et notre amour pour lui) est au cœur de notre vie chrétienne. Il s’agit d’une expérience existentielle, qui va bien au-delà de ce que nous sentons. Cette expérience de foi, qui s’accompagne d’une certitude viscérale, peut en effet se répercuter au niveau de notre sensibilité humaine dans une grande joie de « sentir » la présence de Dieu, la présence du Christ. Elle peut aussi être ressentie vivement dans un sentiment d’absence. Présence en creux !
« Un chemin d’humanisation »
Mettre le Christ au cœur de notre vie chrétienne et monastique consiste, non pas à essayer de devenir des anges, mais à devenir de plus en plus « humains », à l’image du Dieu qui s’est fait homme. Devenir de plus en plus humains comme Dieu lui-même l’a fait : vivre à plein les valeurs de communion, de fraternité et d’amour, non seulement entre nous, mais à l’égard de la société au milieu de laquelle nous vivons, de l’Église dont nous sommes, et de l’ensemble du monde. Essayer de regarder le Monde et l’Église avec les yeux du Christ Jésus, voilà bien encore ce que signifie « mettre le Christ au cœur de notre vie ».
Alors toute la Bible reprend son sens. En la relisant constamment, nous communions au long cheminement de l’humanité vers une humanisation toujours plus grande qui trouve son achèvement dans l’incarnation de Dieu. Et nous prenons constamment conscience qu’il nous faut refaire chaque jour, chacun pour nous-mêmes, ce même cheminement.